Sunday, August 26, 2007

L'auberge de la vieillesse

Quelle belle journée ! Pensez-vous, il n’a pas plu un peu, ni beaucoup. En fait il a plu TOUTE la journée. Je ne sais pas si vous vous rendez compte mais c’est assez impressionnant, de 6 heures du matin à 6 heures du soir, de voir des trombes d’eau s’abattrent sur notre belle cité qu’est Nouméa. Résultat, moi j’ai rien pu faire. Ni aller voir les agences immobilières, ni marcher un peu, ni faire les courses, ni que dalle. Comme beaucoup d’autres habitants de l’auberge d’ailleurs, qui ont rodés toute la journée autour de la télé ou des cuisines à se faire méga chier. Bénis soient les ordinateurs portables... Dommage que l’Internet soit si cher et si lent. Note à moi-même : Acheter un parapluie. D’urgence.

Sinon puisqu’on parlait de l’auberge, je savais que les mots ‘’auberge de jeunesse’’ n’avaient plus aucun sens en France mais à ce point, c’est difficile de mieux les contredire. En réalité il n’y a que des pas-très-jeunes. À une exception prêt (un couple d’Australiens paumés qui ont la vingtaine) je pense sans trop me tromper être le plus jeune de l’assemblée (24 ans). On y voit beaucoup de 30-40 ans, et même beaucoup plus. Le profil est assez typique : du touriste sans trop de thunes qui s’est endetté pour venir hors saison, malgré tout forcé de grignoter le budget logement pour se payer le trip avion à l’île des Pins, quelque néo-alter mondialistes à cheveux longs qui eux viennent avec les Assedic. Et puis sinon ça fourmille de métros comme moi venu chercher les tropiques. Des profils divers, du boulanger au marin en passant par le couvreur de toits. Ça vient d’un peu partout, mais quand même avec une dominante des endroits un peu merdiques de la métropole, genre le Havre ou Saint-Étienne. Les discussions sont souvent assez pitoyables, ça tape systématiquement dans les intrigues de cul, et quelque uns m’ont fait fortement penser aux mongoliens qu’on admire tous les ans à 22h50 dans L’île de la Tentation. Heureusement quelques-uns de mes compagnons sont adorables. La chose assez pénible et qui explique mon sentiment un peu négatif sur l'auberge reste sûrement le côté assez discriminatoire de tous ces gens: si tu n'es pas en couple c'est déjà un facteur d'exclusion mais en plus si tu as le malheur de t'habiller en costard pour aller bosser le matin tu passes pour un RICHE. Rien n'est pire que de passer pour un sale riche ou un capitaliste vendu dans un endroit de telle perdition communautaire comme celui-ci. Bref, je ne m'y sens pas à mon aise, j'espère me casser vite.

Il y avait même une famille de hippies qui s’est tirée ce matin. Hier je plaignais les gosses, qui, sûrement privés de télé ou de Gameboy, étaient forcés de jouer à une merde en bois en regardant la pluie tomber. Le soir, vers 20 heures, c’est l’effervescence aux cuisines mais un peu tout le monde tire la gueule sauf les gens en couple qui forment une tribu dont les célibataires sont généralement exclus. Sur les terrasses, on entend gueuler des tablées de trentenaires qui s’empiffrent de mixtures dégueulasses, avalent des centaines de clopes et s’enfilent des litres de rouge, le tout sous le regard horrifié des deux Japonais de passage qui se sont retrouvés ici par erreur et ne parleront à personne pendant tout leur voyage en Nouvelle-Calédonie, pas même à eux-mêmes...

No comments: